Recousu
Si c'est du vécu? Du vieux vécu, oui. Il y a deux ans et demi mon génial filleul Félix (il improvise si bien au piano et maintenant il fait de la guitare électrique le beau rocker) m'a donné le dessin qu'il venait de faire: celui du recousu. Je l'ai souvent regardé ce dessin, il me faisait sourire les jours où je regardais la terre depuis le hublot de Spoutnik 2 avec Laïka, la première chienne de l'espace. Est-ce que vous vous êtes déjà trompé de train un jour où vous aviez un rendez-vous très important, disons vers le sud? êtes-vous monté dans un train qui après quelques cahots d'hésitation se met en route vers le nord? On est tout de suite catastrophé mais on ne veut pas y croire encore, on demande: il va où ce train?
Il va rouler une heure avant de s'arrêter, et jamais, jamais on ne pourra rattraper un tel retard, il faudrait un hélicoptère, un jet privé pour se refaire, un mirage, une fusée! alors on s'assoit dos à la marche pour rester tourné vers le but du voyage dont on s'éloigne à toute vitesse.
Enfin la gare, on descend. C'est ton ami, là, sur le quai! alors les aiguilles de toutes les montres se mettent à tourner dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, les feuilles verdissent, les roses rosissent, rosis, rosis, les pommes durcissent, les oeufs décuisent! On monte en voiture, on papote, on rit, on admire le paysage, on joue, on fait des grimaces aux passants, un grand sourire au conducteur, à la passagère, au passager, à la conductrice et hop! ça roule, la vie est belle aujourd'hui! Et même hier!