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Si tu prends mon billet
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Si tu prends mon billet
4 octobre 2006

A la pierre verte

 

Serpentine_boweniteComme une aile d'aigle posée, matière minérale des eaux, avec des gneiss ou traces de neige, ô silencieuse, ô lourde pierre verte et vernie par un ancien feu, dis-moi ton secret, à moi qui souffre; dis-moi le chemin de fuite vers le silence des pierres, dis-moi la sérénité verte des lacs longtemps pétrifiés, et cette profonde couleur verte avec le poids, fais-en ma guérison. On dit ton nom serpentine. ô heureusement invariable, impénétrable et sans charité, inhumaine! Donne-moi tes soleils enclos, ton atmophère d'origine, tranchante et vide, tes ruissellements de silence qui fournissent les fleuves au cours navrant. ô déchirante multitude de cuirasses, de tourbillons, de vernis amers, et toutes les couches serrées par la formidable compression en oblique! Donne-moi ton drame arrêté sur place pour me guérir de la douleur du désir; car ma pensée est prisonnière des hommes, et moi avec elle.

 

C'est de Pierre Jean Jouve. J'ai assez longtemps travaillé sur ce poète, je récrivais cinquante fois la même chose et plus j'écrivais plus c'était ça et plus c'était obscur un peu comme dans le Chef d'oeuvre inconnu. Je faisais d'immenses efforts pour rester sur place. Ce n'est pas pour raconter ça que je recopie ce poème (c'est vrai, le poème s'y serait prêté).
J'aime les cailloux depuis longtemps. Vers 11 ans j'ai reçu une "pierre précieuse" (un échantillon de je ne sais quel cristal comme on en achète dans les magasins de minéraux). Avec des transports d'enthousiasme qu'aujourd'hui seule la conquête d'un homme inaccessible ou à défaut une victoire brillante aux échecs contre un adversaire très très fort parviendraient encore à inspirer à mon coeur ennuyé,  j'ai écrit une description détaillée de la pierre en question. Je me prenais pour un naturaliste qui fait des découvertes.  Comme je venais de finir mon oeuvre, Corinne  est entrée dans mon cabinet de curiosités (notre chambre). Tu veux lire? elle lit. Quand elle a fini elle dit "c'est passionnant". Comme s'il avait dit oui! j'étais dilatée de fierté. "ça raconte la vie de peuples primitifs du Pacifique". Qu'est-ce que mon caillou avait à voir avec le Pacifique? je ne comprenais pas bien mais j'étais prête à voir un lien. Elle me parlait du livre qu'elle tenait à la main. Jamais lu ce livre.
J'aime la dernière phrase du poème et aussi comme redémarre la phrase juste avant.

 


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Commentaires
L
je suis tombée ici par hasard. je rechercher le poèmes de Lamiot Enos sur le web et... me voilà.<br /> au plaisir de lire ton blog.<br /> <br /> Luisa (d'Italie...)
H
...plus j'écrivais, plus c'était ça, et plus c'était obscur !....On ne peut pas être plus clair !
C
Son iris ? Une houle de pics sous-marins et algueux.<br /> Sa cornée ? Blanche comme une première communion .<br /> Ses yeux ? mon lavoir
D
Un peu de toi à chaque mot, à chaque phrase...<br /> Très touchant, très sensible, très troublant.
S
"...mon coeur ennuyé..."<br /> <br /> Il y a des expressions, comme ça, qui font mouche...
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