Toi comme tu es...
Pendant leur voyage de noces mes parents ont commencé à tenir un journal. Au début papa et maman ont écrit tour à tour, d'ailleurs on ne sait pas toujours bien qui écrit parce que leurs écritures se ressemblent et qu'ils prennent parfois le rôle l'un de l'autre. Assez rapidement ce n'est plus que papa qui a tenu ce journal, qu'on appelait tous Le Grand Cahier (ce qui plus tard m'a immédiatement rendu sympathique le roman ainsi intitulé) l'écriture de papa est devenue de plus en plus ronde et gaie, et au fur et à mesure que nous les enfants grandissions et devenions capables de lire, le contenu est devenu moins intime.
Le Grand Cahier se compose en fait de plusieurs cahiers, et se poursuit toujours aujourd'hui. A la fin des années soixante et au début des années 70 nos mots d'enfants occupent une grande place dans le journal. Papa riait volontiers quand on était effrontés, et ne passait jamais brusquement du rire à la colère comme font traîtreusement certains parents: on pouvait se livrer à l'impertinence en toute confiance.
Le passage que j'ai choisi de scanner me donne l'occasion de dire comme je tiens à papa.